Pour s'en convaincre, il suffit d'analyser la keynote d'ouverture de Google I/O, la grande conférence annuelle des développeurs qui s'est tenue la semaine dernière à San Francisco. Plus de 2h30 quasiment consacrées intégralement à Android. Pas un mot sur son moteur de recherche, sur son navigateur Chrome, sur ses cartes Maps, sur son réseau social Google Plus...
CAPITALISER SUR LA MARQUE
A la place, Google a dévoilé Android
Wear, une version adaptée pour les “wearables”, ces gadgets high-tech
que l’on porte sur soi. Les deux premières montres équipées sortiront en
juillet. La société a aussi présenté Android Auto, en association avec
une quarantaine de constructeurs automobiles. Dernière annonce: Android
TV, une interface permettant d’accéder à des contenus en ligne depuis sa
télévision.
Trois nouveautés, trois déclinaisons de
l'OS mobile de Google, La société de Mountain View souhaite clairement
capitaliser sur sa marque. Et pour cause: lancé en 2008, Android
rencontre un succès fulgurant. Gratuit et ouvert, il équipe aujourd’hui
80% des smartphones vendus dans le monde et 60% des tablettes. Ce sont
ainsi plus d'un milliard de personnes qui utilisent un terminal sous
Android.
En utilisant cette marque, Google espère
ainsi convaincre le grand public de l'intérêt de ces nouveaux objets
connectés. Cela est d'autant plus important que la concurrence avec
Apple devrait y être aussi féroce qu'elle ne l'est aujourd'hui sur le
marché des mobiles. Autre intérêt: rassurer les développeurs, dont le
soutien est indispensable pour proposer toujours plus d'applications aux
utilisateurs.
DOMINER l'INTERNET DES OBJETS
Avec Android, le moteur de recherche
veut mettre toutes les chances de son côté pour dominer la prochaine
vague des objets connectés, mais aussi les suivantes. Le potentiel de
cet "Internet des objets" fait saliver les géants de la Silicon Valley.
Plusieurs cabinets d'études, comme Gartner ou IDC, y voient un marché de
plusieurs milliards de dollars par an. Chacun veut sa part du gâteau.
Pour Google, ces objets connectés
signifient encore plus de données sur ses utilisateurs. Et donc des
publicités mieux ciblées et surtout beaucoup plus pertinentes. Plus de
lait dans votre réfrigérateur ? Un supermarché situé sur votre trajet
quotidien vous envoie une promotion. Dans un récent document adressé aux
autorités boursières américaines, la société indique par ailleurs
qu'elle pourrait diffuser de la publicité sur "les réfrigérateurs, les
tableaux de bord, les thermostats, les lunettes et les montres".
En début d'année, Google n'a ainsi pas
hésité à dépenser plus de 3 milliards de dollars pour acheter Nest,
start-up connue pour ses thermostats et ses détecteurs de fumée
intelligents. Restées indépendantes, ses équipes travaillent déjà sur la
deuxième étape de la maison connectée. Leurs prochains produits
devraient aussi embarquer une version adaptée d'Android. Ils serviront
alors de fer-de-lance à Google afin de convaincre les autres fabricants à
opter pour le même OS.
"EMPRISONNER" LES UTILISATEURS
En démultipliant Android, Google souhaite aussi développer un écosystème complet et multi-plateformes. C'est particulièrement important pour obtenir le soutien des développeurs, en leur permettant de créer facilement des applications compatibles sur l'ensemble des terminaux. Pour les utilisateurs, cela est aussi synonyme de facilité, notamment parce que tous ces objets seront reliés avec leur smartphone.
En démultipliant Android, Google souhaite aussi développer un écosystème complet et multi-plateformes. C'est particulièrement important pour obtenir le soutien des développeurs, en leur permettant de créer facilement des applications compatibles sur l'ensemble des terminaux. Pour les utilisateurs, cela est aussi synonyme de facilité, notamment parce que tous ces objets seront reliés avec leur smartphone.
Tous les appareils sous Android
interagiront ensemble, avec les mêmes applications et les mêmes
interfaces. Et ils seront d'autant plus fonctionnels qu'ils seront
connectés les uns aux autres. Cette stratégie est également employée par
Apple et, dans un moindre degré, par Microsoft. La contre-partie: les
utilisateurs risquent fort d'être "emprisonnés" dans cet écosystème.
“Si vous possédez un smartphone Android,
il sera alors logique d’acheter une montre, une télé ou une voiture
aussi équipée d’Android”, explique Brian Blau, analyste au sein de
Gartner. Parfois, vous n'aurez même pas le choix. A l'heure actuelle,
Android Wear et Android Auto ne sont pas compatibles avec les systèmes
concurrents iOS et Windows Phone.
REGAGNER LE CONTRÔLE D'ANDROID
Problème pour Google: Android est un système ouvert qui peut être modifié par les fabricants de smartphones. Ces derniers ne s'en privent pas, à l'image de Samsung qui ajoute une surcouche logicielle baptisée TouchWiz. C'est pour cela que les appareils Android des différents marques n'offrent pas la même expérience. Pour Google, cette situation est devenue dérangeante. Surtout dans l'optique d'imposer un écosystème unifié.
Problème pour Google: Android est un système ouvert qui peut être modifié par les fabricants de smartphones. Ces derniers ne s'en privent pas, à l'image de Samsung qui ajoute une surcouche logicielle baptisée TouchWiz. C'est pour cela que les appareils Android des différents marques n'offrent pas la même expérience. Pour Google, cette situation est devenue dérangeante. Surtout dans l'optique d'imposer un écosystème unifié.
Le groupe de Mountain View veut donc
regagner le contrôle de son OS. Première étape: le programme Android
One, dévoilé la semaine dernière lors de Google I/O. Celui est destiné
aux marchés émergents. Il permet aux constructeurs de bénéficier de
solutions clé en main, aussi bien sur le plan matériel que logiciel,
pour fabriquer des appareils Android. Cela signifie des versions non
modifiées du système, directement mises à jour par Google.
La prochaine étape sera beaucoup plus
stratégique: faire la même chose avec les principaux fabricants, plus
particulièrement avec le sud-coréen Samsung, numéro un mondial du
marché. C'est le programme Android Silver, dont la presse américaine se
fait régulièrement l'écho. Google serait prêt à rémunérer ses
partenaires pour qu'ils ne touchent pas Android - comme cela leur sera
imposé pour les nouvelles déclinaisons de l'OS. Un petit prix à payer.