mardi 11 août 2015

L’Apple Watch, gadget inutile ou filtre à portable ?

Avec 2,3 millions d'unités précommandées de sa montre, selon les dernières estimations, Apple veut dominer le marché des montres et des bracelets connectés. Peut-elle directement concurrencer les montres classiques, puisque telle est l'ambition affichée de l’entreprise ? En attendant le test, tour d'horizon des points sur lesquels le produit d'Apple devra convaincre les consommateurs.

Séduire les amateurs de montre…

Apple propose une montre qui rompt radicalement avec l’horlogerie traditionnelle. Si la batterie semble de bonne facture pour un « smartwatch », de l’avis des premiers tests, il faudra imposer un rechargement quotidien à des habitués de quartz longue durée ou de mécanismes automatiques « éternels ». Faire avaler cette pilule, malgré un chargeur magnétique à induction, censé être plus pratique, est une première difficulté. Mais ce n’est pas la seule.

L’entreprise se positionne en effet sur un secteur « luxe », avec un modèle « Edition » de 11 000 à 18 000 euros, et des ambassadeurs glamours tels que Katy Perry ou Beyoncé. Là encore, le défi est de taille. Les amateurs de montres traditionnelles vous le diront : ils achètent une histoire, des mécanismes artisanaux façonnés à la main et un objet qui traverse les décennies sans encombre.

Face à cela, Apple propose un produit usiné, sans âme réelle, dont seules les finitions du métal et du verre changent entre le modèle d’entrée et le très haut-de-gamme. Et l’objet sera obsolète d’ici une poignée d’années, lorsque l’Apple Watch 2, 3 ou 4 sera commercialisée comme étant la nouvelle sensation.

... comme ceux qui n’en ont pas

D’une certaine manière, le téléphone portable a considérablement affaibli l’intérêt d’une montre grand public : nombreux sont ceux qui s’en passent et consultent l’heure directement sur leur appareil. Comment leur faire acheter une montre ? Qu’apporte l’Apple Watch de plus qu’un iPhone ?

La réponse est simple : pas grand-chose si ce n’est la possibilité de laisser le mobile… dans la poche. C’est le cœur même de l’idée qui a germé chez Apple, selon l’enquête du magazine Wired :

«  L'équipe d'Apple a mis le doigt sur la raison d'être d'une montre. Cela part d'un constat : nos mobiles sont en train de ruiner nos vies. Comme nous autres, [les responsables d'Apple] sont soumis à la tyrannie de la vibration, de la consultation permanente du smartphone, des longues listes de notifications qui nous assaillent. »

L’idée est donc de créer un produit peu intrusif, qui se consulte en un coup d’œil, pour se libérer de l’addiction à son smartphone.

Proposer une nouvelle technologie qui s’attache carrément à son propre corps pour se libérer de la précédente peut sembler gonflé. Mais, selon de premiers témoignages de journalistes ayant pu l’utiliser, la montre peut en effet servir de premier filtre rapide aux dizaines de notifications quotidiennes : on trie ses mails ; accepte une invitation du calendrier ; répond rapidement à un texto... Le smartphone ne se saisit que pour des tâches plus importantes. Pour autant, le réglage des notifications devra être très fin pour éviter que la montre ne tapote votre poignet toutes les dix secondes pour chaque micro-événement de votre vie numérique.

A quoi sert-elle exactement ?

Toutes ces difficultés pourront être surmontées si la montre prouve son utilité au quotidien. Mais que fera-t-elle exactement ? Un peu tout et rien à la fois : communication (téléphone, messages), productivité (mail, agenda, liste de tâches), bracelet sportif… Le fait que la montre d’Apple n’a pas vraiment de grande fonctionnalité-phare qui justifierait à elle seule son achat a, aussi, été amplement commenté.

Certains y verront donc un gadget inutile, d’autres un formidable « bac à sable » pour les développeurs tiers d’applications, qui offriront à chaque consommateur son bonheur. Après tout, le premier iPhone, en 2007, n’était qu’un simple écran dont l’utilité était contestée par beaucoup : « Est-ce qu’il téléphone ? », ironisaient alors de nombreux sceptiques. Huit ans plus tard, l’écosystème d’applications a fait de l’iPhone, et du smartphone en général, un objet courant du quotidien.

Le consommateur intéressé mais raisonnable pourra donc laisser les « fans » essuyer les plâtres de la première génération. Les technophiles qui souhaitent être parmi les premiers à expérimenter l'arrivée d'Apple dans le domaine des « wearables» – lunettes, montres ou casques qui se portent à même le corps – se reporteront plutôt vers l'entrée de gamme « Sport ». Car, malgré des écarts de prix très importants entre les différents modèles, l'intérieur du capot, lui, reste strictement identique.