Oui, le numérique continue de muter, d’accélérer, de tout changer. Nous vivons bien une
transformation systémique, bien plus importante que celle de Gutenberg qui n’était, après tout, qu’une mobilisation de l’alphabet.
Attention donc :
nouvelles plateformes, nouveaux écosystèmes en vue.
En fait… déjà là.
Car «
mobile first » est derrière nous ! Le tsunami des smart phones
est en train de s’achever. Et chacun entrevoit la prochaine étape : celle de
l’essor de l’intelligence artificielle, puis des réalités virtuelles ou mixtes.
Plus proche de l’humain
Même si le portable restera le point d’entrée du monde numérique pour
un bon moment, le cœur informatique de demain ne sera plus formé des
systèmes d’exploitation Windows, Mac, IOS ou Android, mais très
probablement de
plateformes conversationnelles audio et texte, et après-demain, visuelles.
Bourrées d’intelligence artificielle (IA), elles tenteront, cette
fois, de coller le plus possible aux fonctions naturelles humaines
millénaires, à faire appel à nos sens, à mimer le comportement de notre
cerveau, in fine pour les compléter et les augmenter.
Voix, geste dans l’espace, mouvement corporel, regard (comme un
pointeur laser) : avec les nouvelles interfaces vocales et gestuelles en
3D,
l’informatique, le numérique et Internet sont en
train de se rapprocher de nos organes, de la biologie, des
neurosciences, du viscéral. Après le toucher, la voix et le regard
gagnent en importance.
Plus intuitive et surtout
beaucoup plus personnelle,
cette informatique se rapproche aussi de la psychologie, des sciences
cognitives, des sentiments, du discernement, du raisonnement, des
décisions, de notre perception, et donc de notre rapport au monde.
Les géants de la high-tech améliorent chaque jour ces formes
d’intelligence artificielle, qui, petit à petit, apprend et comprend les
nuances de nos comportements. Avec le but de les prédire. Nombreux sont ceux qui prévoient l’effacement du terminal, la
disparition des écrans physiques, au profit d’une présence informatique
invisible tout au long de la journée, alimentée par l’IA. Une sorte d’
infosphère
qui transcende, dépasse le temps, l’espace, les pays, les cultures. Une
ambiance numérique 24/7, un sac amniotique virtuel permanent, dans
lequel nous serons baignés.
Tous utilisent les ingrédients-clé de l’époque :
beaucoup de data, de capteurs, de pixels, d’algorithmes, d’intelligence
artificielle, mais aussi de programmation neurolinguistique et de cloud.
Tous constituent de
nouveaux moyens d’interactions homme-machines. Tous ont le pouvoir de
modifier notre rapport au monde et aux autres, notre perception de la réalité. Et sans doute notre conscience.
Rappelons-nous aussi combien la révolution industrielle avait donné
raison à nombre de prédictions de Leonard de Vinci ou de Jules Verne.
Aujourd’hui, la révolution numérique est en train de confirmer les
intuitions de nos meilleurs auteurs, scénaristes et réalisateurs de
science-fiction.
Nous parlons désormais à nos machines qui nous répondent, l’intelligence artificielle s’utilise à la demande, et des
mondes virtuels sont désormais réalistes,
en raison de la puissance accrue des ordinateurs, des cartes
graphiques, des systèmes optiques, des smartphones et demain de
lunettes, nouvelle unité centrale portative.
Bienvenue dans le nouveau monde des chatbots et des réalités virtuelles ou mixtes !
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, ASSISTANTS VIRTUELS, MESSAGERIES, INTERFACES VOCALES, ROBOTS CONVERSATIONNELS
Elle va transformer nos organisations et notre vie quotidienne,
changer la manière dont nous interagissons avec nos terminaux ou le
cloud, et favoriser une vraie coproduction homme/machine, en laissant à
cette dernières les tâches ingrates.
Se parant de l’apparence sémantique humaine, elle interprète le
langage naturel et tire des leçons des usages antérieurs. Reconnaissance
vocale et faciale sont prêtes. Après avoir maîtrisé le jeu de Go et
conduit des voitures, celle de Google se gave en ce moment de romans et
commence à
faire toute seule des phrases !
Méta-plateformes et invasion de bots
Aujourd’hui, cette intelligence artificielle passe aussi par les
bots, ou chatbots, robots invisibles qui s’intègrent dans des
messageries ou les SMS pour proposer
des services personnalisés, via de véritables conversations.
Avant que les réalités virtuelle et augmentée ne deviennent vraiment
nos nouvelles plateformes, voire l’OS du futur, chacun sent bien que les
messageries instantanées et leurs bots automatisés, sont en train de
devenir
le point d’entrée principal vers Internet, au point que désormais se pose la pertinence d’un site ou même d’une appli.
A (court) terme, les messageries, devenues
méta-plateformes et nouveaux navigateurs risquent même d’en devenir l’unique point d’entrée.
Elles ont déjà supplanté les réseaux sociaux dans nos usages,
et servent de base à ces nouveaux services conversationnels, qui, via
analyse grammaticale, sémantique et reconnaissance vocale, reconnaissent
ce que vous dites et à … quoi vous pensez.
Originaires de Russie et de Chine dans cette forme, et presque entièrement automatisés,
les bots sont en train de défier et concurrencer les applications classiques,
qui ne constituent plus l’eldorado des développeurs. Une certaine
lassitude s’installe même dans les usages, car on n’utilise en moyenne
que trois applis. Cinq au maximum. La majorité des gens n’en
téléchargent même plus.
Moins compliqués à créer et à utiliser que les applis natives, les bots sont des logiciels qui automatisent des
tâches du quotidien via des discussions plus dynamiques que les applis traditionnelles statiques qui n’ont plus besoin d’être installées.
Le bot fait ce que vous lui demandez.
Il pourrait bien remplacer à terme le moteurs de recherche et donc
donner un sacré coup de vieux aux applis car il permet de combiner les
avantages du web (accès immédiat sans avoir à installer quoi que ce
soit, gestion des liens) et de l’application native (identification de
l’utilisateur, accès à son contexte), sans leurs inconvénients
(nécessité de s’acclimater à chaque site ou appli).
Les bots fonctionnent soit à partir de règles préétablies, soit via l’apprentissage des machines (
machine learning)
qui comprennent aussi le langage, s’améliorent au fur et à mesure de
leur utilisation et sont très naturels à utiliser. Et hormis l’appli de
messagerie, les bots ne nécessitent aucune installation en local dans
l’appareil.
Dopés à l’IA et aux data, reliés au cloud, nos portables, ordis et autres terminaux sont en train de devenir des
assistants intelligents et personnels capables de tenir des discussions pour
assurer de plus en plus de tâches :
nous informer, réserver un avion, une chambre d’hôtel, commander un
repas, un taxi, payer une facture, jouer, conseiller un placement,
organiser l’agenda.
Sans même taper un texte, chercher, cliquer, ouvrir une appli, passer à une autre, retrouver son mot de passe, etc…
Ces
valets virtuels anticipent vos besoins,
répondent à vos questions, vous en posent, reconnaissent les phrases et
sont plus faciles et rapides à utiliser que les options et menus
déroulants. Avec des possibilités d’applications quasi infinies, les
bots, contenant
textes, images, liens, appels à l’action,
automatisent la relation-client, l’organisation, la communication et
favorisent l’engagement. Ils peuvent accroître notre productivité et …
nous tenir compagnie. Mais nous n’en sommes qu’au début, au temps des
navigateurs web des années 90 qui ne géraient que du texte. Ils vont
inventer aussi de nouveaux usages.
Déjà en Chine, personne ou presque ne passe plus d’une demi-heure sans utiliser
WeChat,
du géant Tencent. Dans peu de temps, il est possible que nos
interactions textuelles ou vocales sur Smartphones se fassent plus avec
des machines qu’avec des humains, ou alors avec des humains… entraîneurs
d’algorithmes.
Utilisées par 2,5 milliards de personnes, les messageries de type SMS,
WhatsApp, Messenger, SnapChat, WeChat, Slack, Kik (6.000 bots), Telegram
permettent aujourd’hui déjà l’illusion d’une discussion en proposant
une série de contenus, plus pertinents et contextualisés que les applis
classiques. YouTube
s’y met. En Asie, elles englobent déjà beaucoup plus de fonctions et de services qu’aux Etats-Unis ou en Europe.
Éditeurs de bots
Nous voilà loin des portails et de leur profusion de liens, images et
publicités ou même des sites servant de décharges aux contenus d’un
média !
Mieux : ces
méta-plateformes, qui se moquent des murs fermés des applis, court-circuitent Google, Apple et consorts,
vous laissent éditer vos propres chatbots, créer vos propres algorithmes, dans un
monde sans couture et sans interruption. Et surtout, ces chatbots sont immédiatement personnalisés, alors
que les médias traditionnels, les sites web et les applis sont destinés
à tout le monde, ou nécessitent de passer par une phase de connexion,
création de profils…
De nombreuses marques sont en train de chercher comment créer, pour
leurs clients, des interfaces conversationnelles avec de la
personnalité.
Elles favorisent également l’apparition d’un nouvel écosystème de
logiciels.
Nul besoin d’être un expert en intelligence artificielle pour
créer un bot utile.
Les développeurs et designers d’interface (ou de conversations) se
servent dans les APIs ouvertes disponibles, dans les magasins et les
kits,
avant d’installer leurs services sur Messenger ou WeChat et tenter de
toucher des centaines de millions d’utilisateurs. Au médias, d’être
prêts à les accueillir.
Aujourd’hui, Facebook et Microsoft, qui ont perdu la bataille des
smartphones face à Google et Apple, sont les plus actifs et ont grand
ouvert leur méta-plateformes en proposant des briques aux entreprises et
médias pour qu’ils y créent leurs propres assistants intelligents.
Les seules messageries de Facebook (Messenger et WhatsApp), qui
entend bien être la « home » de votre smartphone, enregistrent déjà
le triple du trafic de tous les SMS.
Les médias arrivent
Les médias d’informations commencent à les utiliser pour
personnaliser davantage leurs contenus : comme Quartz, TechCrunch, CNN
qui s’est installée sur Messenger, le Wall Street Journal, à partir des
interfaces de programmation de Microsoft, Facebook, Kik ou Telegram. Les
infos de Breaking News (NBC) sont aussi disponibles en mode chatbot sur
Slack. Certaines conversations pourraient même être rendues publiques
et
devenir des médias à part entière.
Ces
micro-applications vont s’améliorer au fur et à
mesure de leur utilisation et de leur compréhension du langage humain.
Elles risquent bien de remplacer des pans entiers d’usages des réseaux
sociaux, des plateformes et des applis que nous utilisons aujourd’hui.
Et qui deviennent trop nombreux en produisant trop de frictions entre
eux pour bien gérer l’ensemble de nos données.
Les
QR codes reviennent aussi à la mode : outils de
dialogue intelligents, ils permettent d'envoyer des réponses
automatiques et autres messages contextualisés.