jeudi 25 août 2016

Au-delà du mobile

Oui, le numérique continue de muter, d’accélérer, de tout changer. Nous vivons bien une transformation systémique, bien plus importante que celle de Gutenberg qui n’était, après tout, qu’une mobilisation de l’alphabet.

Attention donc : nouvelles plateformes, nouveaux écosystèmes en vue.

En fait… déjà là.

Car « mobile first » est derrière nous ! Le tsunami des smart phones est en train de s’achever. Et chacun entrevoit la prochaine étape : celle de l’essor de l’intelligence artificielle, puis des réalités virtuelles ou mixtes.

Plus proche de l’humain 

Même si le portable restera le point d’entrée du monde numérique pour un bon moment, le cœur informatique de demain ne sera plus formé des systèmes d’exploitation Windows, Mac, IOS ou Android, mais très probablement de plateformes conversationnelles audio et texte, et après-demain, visuelles.

Bourrées d’intelligence artificielle (IA), elles tenteront, cette fois, de coller le plus possible aux fonctions naturelles humaines millénaires, à faire appel à nos sens, à mimer le comportement de notre cerveau, in fine pour les compléter et les augmenter.

Voix, geste dans l’espace, mouvement corporel, regard (comme un pointeur laser) : avec les nouvelles interfaces vocales et gestuelles en 3D, l’informatique, le numérique et Internet sont en train de se rapprocher de nos organes, de la biologie, des neurosciences, du viscéral. Après le toucher, la voix et le regard gagnent en importance.

Plus intuitive et surtout beaucoup plus personnelle, cette informatique se rapproche aussi de la psychologie, des sciences cognitives, des sentiments, du discernement, du raisonnement, des décisions, de notre perception, et donc de notre rapport au monde.

Les géants de la high-tech améliorent chaque jour ces formes d’intelligence artificielle, qui, petit à petit, apprend et comprend les nuances de nos comportements. Avec le but de les prédire. Nombreux sont ceux qui prévoient l’effacement du terminal, la disparition des écrans physiques, au profit d’une présence informatique invisible tout au long de la journée, alimentée par l’IA. Une sorte d’infosphère qui transcende, dépasse le temps, l’espace, les pays, les cultures. Une ambiance numérique 24/7, un sac amniotique virtuel permanent, dans lequel nous serons baignés.

Tous utilisent les ingrédients-clé de l’époque : beaucoup de data, de capteurs, de pixels, d’algorithmes, d’intelligence artificielle, mais aussi de programmation neurolinguistique et de cloud. Tous constituent de nouveaux moyens d’interactions homme-machines. Tous ont le pouvoir de modifier notre rapport au monde et aux autres, notre perception de la réalité. Et sans doute notre conscience.

Rappelons-nous aussi combien la révolution industrielle avait donné raison à nombre de prédictions de Leonard de Vinci ou de Jules Verne. Aujourd’hui, la révolution numérique est en train de confirmer les intuitions de nos meilleurs auteurs, scénaristes et réalisateurs de science-fiction.

Nous parlons désormais à nos machines qui nous répondent, l’intelligence artificielle s’utilise à la demande, et des mondes virtuels sont désormais réalistes, en raison de la puissance accrue des ordinateurs, des cartes graphiques, des systèmes optiques, des smartphones et demain de lunettes, nouvelle unité centrale portative.

Bienvenue dans le nouveau monde des chatbots et des réalités virtuelles ou mixtes !

 

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, ASSISTANTS VIRTUELS, MESSAGERIES, INTERFACES VOCALES, ROBOTS CONVERSATIONNELS

Elle va transformer nos organisations et notre vie quotidienne, changer la manière dont nous interagissons avec nos terminaux ou le cloud, et favoriser une vraie coproduction homme/machine, en laissant à cette dernières les tâches ingrates.

Se parant de l’apparence sémantique humaine, elle interprète le langage naturel et tire des leçons des usages antérieurs. Reconnaissance vocale et faciale sont prêtes. Après avoir maîtrisé le jeu de Go et conduit des voitures, celle de Google se gave en ce moment de romans et commence à faire toute seule des phrases !

Méta-plateformes et invasion de bots

Aujourd’hui, cette intelligence artificielle passe aussi par les bots, ou chatbots, robots invisibles qui s’intègrent dans des messageries ou les SMS pour proposer des services personnalisés, via de véritables conversations.

Avant que les réalités virtuelle et augmentée ne deviennent vraiment nos nouvelles plateformes, voire l’OS du futur, chacun sent bien que les messageries instantanées et leurs bots automatisés, sont en train de devenir le point d’entrée principal vers Internet, au point que désormais se pose la pertinence d’un site ou même d’une appli.


A (court) terme, les messageries, devenues méta-plateformes et nouveaux navigateurs risquent même d’en devenir l’unique point d’entrée. Elles ont déjà supplanté les réseaux sociaux dans nos usages, et servent de base à ces nouveaux services conversationnels, qui, via analyse grammaticale, sémantique et reconnaissance vocale, reconnaissent ce que vous dites et à … quoi vous pensez.


Originaires de Russie et de Chine dans cette forme, et presque entièrement automatisés, les bots sont en train de défier et concurrencer les applications classiques, qui ne constituent plus l’eldorado des développeurs. Une certaine lassitude s’installe même dans les usages, car on n’utilise en moyenne que trois applis. Cinq au maximum. La majorité des gens n’en téléchargent même plus.

Moins compliqués à créer et à utiliser que les applis natives, les bots sont des logiciels qui automatisent des tâches du quotidien via des discussions plus dynamiques que les applis traditionnelles statiques qui n’ont plus besoin d’être installées. Le bot fait ce que vous lui demandez. Il pourrait bien remplacer à terme le moteurs de recherche et donc donner un sacré coup de vieux aux applis car il permet de combiner les avantages du web (accès immédiat sans avoir à installer quoi que ce soit, gestion des liens) et de l’application native (identification de l’utilisateur, accès à son contexte), sans leurs inconvénients (nécessité de s’acclimater à chaque site ou appli).

Les bots fonctionnent soit à partir de règles préétablies, soit via l’apprentissage des machines (machine learning) qui comprennent aussi le langage, s’améliorent au fur et à mesure de leur utilisation et sont très naturels à utiliser. Et hormis l’appli de messagerie, les bots ne nécessitent aucune installation en local dans l’appareil.

Dopés à l’IA et aux data, reliés au cloud, nos portables, ordis et autres terminaux sont en train de devenir des assistants intelligents et personnels capables de tenir des discussions pour assurer de plus en plus de tâches : nous informer, réserver un avion, une chambre d’hôtel, commander un repas, un taxi, payer une facture, jouer, conseiller un placement, organiser l’agenda. Sans même taper un texte, chercher, cliquer, ouvrir une appli, passer à une autre, retrouver son mot de passe, etc…

Ces valets virtuels anticipent vos besoins, répondent à vos questions, vous en posent, reconnaissent les phrases et sont plus faciles et rapides à utiliser que les options et menus déroulants. Avec des possibilités d’applications quasi infinies, les bots, contenant textes, images, liens, appels à l’action, automatisent la relation-client, l’organisation, la communication et favorisent l’engagement. Ils peuvent accroître notre productivité et … nous tenir compagnie. Mais nous n’en sommes qu’au début, au temps des navigateurs web des années 90 qui ne géraient que du texte. Ils vont inventer aussi de nouveaux usages.


Déjà en Chine, personne ou presque ne passe plus d’une demi-heure sans utiliser WeChat, du géant Tencent. Dans peu de temps, il est possible que nos interactions textuelles ou vocales sur Smartphones se fassent plus avec des machines qu’avec des humains, ou alors avec des humains… entraîneurs d’algorithmes.

Utilisées par 2,5 milliards de personnes, les messageries de type SMS, WhatsApp, Messenger, SnapChat, WeChat, Slack, Kik (6.000 bots), Telegram permettent aujourd’hui déjà l’illusion d’une discussion en proposant une série de contenus, plus pertinents et contextualisés que les applis classiques. YouTube s’y met. En Asie, elles englobent déjà beaucoup plus de fonctions et de services qu’aux Etats-Unis ou en Europe.

Éditeurs de bots

Nous voilà loin des portails et de leur profusion de liens, images et publicités ou même des sites servant de décharges aux contenus d’un média !

Mieux : ces méta-plateformes, qui se moquent des murs fermés des applis, court-circuitent Google, Apple et consorts, vous laissent éditer vos propres chatbots, créer vos propres algorithmes, dans un monde sans couture et sans interruption. Et surtout, ces chatbots sont immédiatement personnalisés, alors que les médias traditionnels, les sites web et les applis sont destinés à tout le monde, ou nécessitent de passer par une phase de connexion, création de profils…

De nombreuses marques sont en train de chercher comment créer, pour leurs clients, des interfaces conversationnelles avec de la personnalité.

Elles favorisent également l’apparition d’un nouvel écosystème de logiciels. Nul besoin d’être un expert en intelligence artificielle pour créer un bot utile.

Les développeurs et designers d’interface (ou de conversations) se servent dans les APIs ouvertes disponibles, dans les magasins et les kits, avant d’installer leurs services sur Messenger ou WeChat et tenter de toucher des centaines de millions d’utilisateurs. Au médias, d’être prêts à les accueillir.

Aujourd’hui, Facebook et Microsoft, qui ont perdu la bataille des smartphones face à Google et Apple, sont les plus actifs et ont grand ouvert leur méta-plateformes en proposant des briques aux entreprises et médias pour qu’ils y créent leurs propres assistants intelligents.

Les seules messageries de Facebook (Messenger et WhatsApp), qui entend bien être la « home » de votre smartphone, enregistrent déjà le triple du trafic de tous les SMS.

Les médias arrivent

Les médias d’informations commencent à les utiliser pour personnaliser davantage leurs contenus : comme Quartz, TechCrunch, CNN qui s’est installée sur Messenger, le Wall Street Journal, à partir des interfaces de programmation de Microsoft, Facebook, Kik ou Telegram. Les infos de Breaking News (NBC) sont aussi disponibles en mode chatbot sur Slack. Certaines conversations pourraient même être rendues publiques et devenir des médias à part entière.

Ces micro-applications vont s’améliorer au fur et à mesure de leur utilisation et de leur compréhension du langage humain. Elles risquent bien de remplacer des pans entiers d’usages des réseaux sociaux, des plateformes et des applis que nous utilisons aujourd’hui. Et qui deviennent trop nombreux en produisant trop de frictions entre eux pour bien gérer l’ensemble de nos données.

Les QR codes reviennent aussi à la mode : outils de dialogue intelligents, ils permettent d'envoyer des réponses automatiques et autres messages contextualisés.

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